• Ennui
    Écrit en solo

    L’ennui

    Autour, tout bouge encore. Tout s’agite et se débat ; une multitude de reflets sans consistance s’entasse entre les miroirs. J’ouvre la fenêtre et l’air sent la poussière. La ville est une immense pièce abandonnée, couverte de draps blancs sales, dans une maison peuplée de rats et de chauve-souris. L’ennui vibre. Et le monde trompe l’ennui. Le monde tourne, les yeux fermés, jusqu’à vomir sa propre existence. L’air sent la poussière et l’humidité des journées grisâtres, après l’orage. Le ciel plombé écrase mes yeux au fond de mes orbites. La douleur m’enferme au fond de moi-même, et j’ai froid. J’ai froid d’ennui, de lenteur, j’ai froid parce qu’il n’y a…

  • ennui fenêtre ouverte
    Écrit ensemble

    Goutte à goutte

    Le silence s’impose, petit à petit. Il n’y a dans l’air que le cri de quelques mouettes, et au loin, une vague rumeur, comme une onde. Le soleil éclabousse les toits mais la ville elle, sonne comme lorsqu’il neige ; tout est lent, assourdi. Sur un bout de terrasse, deux silhouettes mangent en silence, sans oser faire un seul bruit de fourchette. J’ai l’impression que je pourrais distendre le paysage qui s’étale entre les deux montants de la fenêtre, l’étirer, le modeler jusqu’à ce qu’il devienne flou, filandreux, flasque. Je ferme les yeux mais je l’entends toujours. Se superposant au silence, un crissement féroce, encore loin pourtant, mais qui se…