-
Platitudes
Dernière arête. J’ai le souffle court, et sous mes jambes, le sol s’effrite juste assez pour m’offrir la sensation grisante de l’altitude, le vertige, l’adrénaline qui me manquait pour embrasser pleinement le paysage. Pour hurler à l’intérieur de moi “je suis là, je suis en haut”, j’ai dépassé mon corps et transcendé la gravité qui m’écrasait, des centaines de mètres plus bas. Des centaines de mètres. Il n’y a pas d’échelle, mes yeux transmettent une carte postale qui n’a pas de sens à mon cerveau…
-
Précipice
S’il y a quelque chose à sauver, ce sera la vue des étoiles filantes pendant ma chute. S’il y a quelque chose dont il faudra se souvenir, c’est le silence.Ne regarde pas en bas. Imagine la douleur du ciel, percé de milliards d’aiguilles, simplement pour nous offrir ce spectacle nocturne. Sais-tu que la nuit ne cesse jamais d’exister, même quand tu te dores au soleil, même lorsque tes yeux se ferment de fatigue ? La nuit ne cesse jamais de souffrir, dans le silence qu’on…
-
Oisans | Le Lac Fourchu, et les autres
Au milieu du mois de juillet, on s’attendrait au ciel bleu immense, à quelques blancheurs sur les sommets et aux chemins desséchés, ravinés, épuisés par ce début de saison. Mais c’est l’Oisans qui nous offre cette randonnée, et l’Oisans surprend toujours. Ce tour du plateau des lacs, incluant le lac Fourchu, au départ d’Ornon, ne s’est pas tout à fait révélé simple – voir pas révélé du tout, pour être honnête. Vous suivez quand même ? N’oubliez pas de bien faire vos lacets, et j’espère…
-
Vercors | Moulin Marquis, vertige sud
Quand je pense au Vercors, j’imagine le froid, l’humidité, les vastes alpages sous les montagnes, et les routes en lacets sous les tunnels de roche. La petite balade de Moulin Marquis porte du Diable renvoie à une autre facette de ce Vercors aux milles visages : une marche dans de très jolies forêts pleines de surprises, où les ruisseaux cascadent jusqu’à leur chute dans des gorges immenses. Si vous avez quelques heures, foncez faire cette petite randonnée qui serpente le long de la Bourne, hésitant…
-
Hurleurs
La terre est molle, et s’accroche à mes pas. Une à une les feuilles se détachent et je reste nez au vent, admirant leur ballet silencieux en harmonie parfaite avec la mue de ma peau. J’appelle la pluie pour rincer les dernières écailles, j’appelle de mes vœux les premières tempêtes qui laveraient enfin ce qu’il reste de moi.Jusqu’ici, pourtant, rien ne chante, rien ne tonne, rien ne souffle ; je respire par petites lampées, les yeux rivés sur les feuilles d’or saupoudrant les fougères et…
-
Rouge cerise, bleu délavé
Elle bat la mesure sous la pluie, et à chaque battement l’eau éclate sur le bitume. J’imagine une musique sur le rythme de ses pas immobiles, quelque chose de haché avec une légère vibe 60s, en admirant le tremblement de ses mains qui gouttent. En trame de fond, derrière les nappes des cordes lancinantes, il y aurait une voiture rouge cerise comme le foulard à son cou, et un ciel bleu pâle comme les veines de ses bras. J’admire son impatience qui la réchauffe, de…