Oisans | Le Lac Fourchu, et les autres
Au milieu du mois de juillet, on s’attendrait au ciel bleu immense, à quelques blancheurs sur les sommets et aux chemins desséchés, ravinés, épuisés par ce début de saison. Mais c’est l’Oisans qui nous offre cette randonnée, et l’Oisans surprend toujours. Ce tour du plateau des lacs, incluant le lac Fourchu, au départ d’Ornon, ne s’est pas tout à fait révélé simple – voir pas révélé du tout, pour être honnête. Vous suivez quand même ? N’oubliez pas de bien faire vos lacets, et j’espère que vous avez pris un imper.
La rando du Lac Fourchu à l’envers
Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette balade de 11 ou 12 km sait comment nous mettre en jambe. Dès le parking, l’attaque est sévère dans une pente qui est sévère comme un lundi de rentrée. Peut-être parce qu’on fait ce tour à l’envers par rapport au circuit habituel, aussi. Une pente d’autant plus cinglante et rêche qu’elle ne dévoile rien du paysage autour, à part quelques visions fugaces dans la brume.
Je râle. À chaque pas.
Quelque part sous nous, il y a le village d’Ornon et la jolie vallée qui nous y a mené. Quelque part.
En fin de montée le temps s’éclaire soudain, brûlant les yeux et la peau sur son passage. En face éclate l’Alpe d’Huez, les Grandes Rousses, un petit bout des aiguilles d’Arves. Mais je n’ai même pas le temps de les fixer sur la pellicule, les nuages nous roulent dessus à nouveau, avec détermination.
En approchant du refuge, une éclaircie, enfin, nous offre un paysage varié sublime, et l’impressionnant massif du Taillefer dominant la plateau de sa silhouette immense. Entre caillasses et ruisseaux, c’est un plaisir d’évoluer ici et de repartir à l’assaut d’une dernière montée vers le plateau des lacs et le fameux lac Fourchu.
Mais entre marcher, admirer le paysage, et déclencher avant que la brume ne s’invite, il faut choisir.
Et enfin, le plateau des lacs
Un dernier effort et après le pas de l’Envious, le plateau des lacs commence enfin ! Avec une vue sur la vallée plus bas et la forêt, qui soudain, menace de s’échapper encore…
L’Ektar 100 dans mon appareil commence à grainer de peur.
Je ne peux pas lui donner tort. Le plateau des lacs est à quelques pas seulement, mais il restera obstinément nébuleux, mystérieux, brumeux. Même le temps d’une pause déjeuner, gelés, trempés, il ne daignera rien montrer.
Il est temps de quitter le plateau des Lacs pour la Jasse où nous attendent, juste au pied de l’immense Taillefer et sa sublime sœur la Pyramide, le lac de l’Agneau, le lac de la Vache, un parcours de trail et un bon paquet d’imbéciles. Dont quelques abrutis excitant leurs chiens dans les lacs, sous l’œil sidéré de quelques pêcheurs.
Le paysage, lui, ne déçoit pas.
Fin de rando ludique
La vue est sublime à la redescente, entre les aiguilles d’Arves, le massif des Grandes Rousses, et en contrebas la douce vallée d’Ornon. La descente, de ce côté, est assez ludique, entre les ruisseaux, les pierriers, les racines et les sous-bois. C’est la partie la plus empruntée, l’itinéraire étant connu pour arriver directement au plateau des lacs. Mais ça reste un très beau chemin, avec de beaux points de vue, et plutôt fun pour les mollets, dans un sens comme dans l’autre.
Les randos estivales sont souvent pleines de surprises. Si là, les dates pour en profiter ensemble étaient imposées, ce n’est vraiment pas une période que j’affectionne. Trop de monde et trop de gens peu sensibilisés à la nature, à la montagne, et au savoir-vivre. Et le beau temps, lui, n’est jamais assuré dans les massifs, juillet ou non. C’est ce qui fait aussi son charme, et une bonne partie de son mystère.
Et c’est ce qui donne, toujours, envie d’y revenir, pour admirer ces paysages et profiter de ces randonnées en toutes saisons.