Leica Q2 Pyrénées
Photo

L’aventure Leica Q2

J’avoue que j’ai un peu hésité à écrire ces mots, mais après tout zut, je suis chez moi et vous êtes chouettes, surtout. J’avais envie de vous raconter mon aventure – et mon errance – en matière de matériel photo, et pourquoi j’en suis venue à m’offrir un Leica Q2 pour accompagner mes randos – un boîtier qui devrait voir un peu de pays, je l’espère.

Douze ans en Canon

Avant de commencer, soulignons un de mes handicaps majeurs : je suis une taupe. Sans lunettes, il est peu probable non seulement que je vous reconnaisse sur le trottoir d’en face, mais que je vous calcule tout court. De plus, pas de chance, je suis un petit gabarit : pas bien grande, pas bien épaisse non plus. Et ça, dans la course aux cailloux & boîtiers, ça devient vite enquiquinant quand votre centre de gravité dépend des 2 kg supplémentaires qui pèsent à votre épaule droite.

Pendant une douzaine d’années, j’ai trimballé un reflex Canon dans la majorité de mes aventures, citadines comme voyageuses. Un 40D puis un 5D, et quelques cailloux associés : un 50 mm pour les portraits, mon 24-70 que j’ai embarqué absolument partout, et un 70-200 pour faire bonne mesure. Un set pas trop moche, et avec lequel j’étais tout confort, en sécurité. Au bout de 12 ans on ne réfléchit plus à la technique, le 5D était devenu une extension de moi-même, j’avais les réglages imprimés dans la rétine – et je ne cherchais plus beaucoup non plus.

La Montagnette dans le Vercors, en 2018

Mais il pesait. Et quand j’ai commencé à vraiment randonner, j’ai bien senti et le poids, et l’encombrement. J’ai commencé à ne plus avoir envie de le sortir du sac. Et puis le 31 octobre dernier, en rando de l’enfer dans le Pays de Galles (dont j’ai tiré un récit fantastique ici, et que je vous raconterai peut-être “en vrai” un jour !), au bout d’une heure et demi dans la tempête, le 5D se noie dans 3 cm de flotte au fond de mon sac. Fin de l’histoire.

Fuji, la modernité, et pas moi

J’aurais pu reprendre un reflex. Mais je n’avais pas les finances à l’époque, et plus l’envie de me trimballer un truc pareil. Je jalousais très fort Thibaut qui mettait son petit hybride Fuji X-M1 dans sa poche ; poche imperméable qui a sauvé son boîtier ce jour-là, d’ailleurs. Alors j’ai regardé les hybrides, et les Fuji.

J’ai comparé, économisé, et craqué pour le Fuji X-T30. Sur catalogue, jamais pris en main, entre deux déménagements. Une grosse erreur, mais les critiques étaient bonnes et les utilisateurs & utilisatrices de Fujifilm ravi·e·s de leur achat – alors pourquoi pas moi ?

Et bien : pas moi. Je me suis heurtée à la photo telle que je ne l’aime vraiment pas : trop précise, trop colorée, trop électronique. Un boîtier à configurer dans tous les sens, un objet dont je n’aimais pas la prise en main, une image qui me brûlait la rétine. Un viseur que j’ai détesté au premier regard, littéralement. Un rendu sec, sans âme. J’ai essayé de me convaincre, vu le prix du jouet, que je pouvais m’y habituer et y arriver, mais non.

Photo de la rando du Vialais prise au Fuji X-T30 : très loin de ce que j’avais en tête

J’ai chipé le Fuji X-M1, vieillissant mais plus doux et plus fun, finalement, à Thibaut ; et lui a récupéré le X-T30, avec lequel il s’entend comme larron en foire et dont il tire de très jolies choses, comme ses photos de la Dibona ici.

L’argentique à cœur

Je me suis surtout souvenue de l’amour que j’avais pour le Minolta argentique de mon père, que j’avais récupéré, mais qui ne fonctionne malheureusement plus ; j’ai fait mes premières armes en photo là-dessus, et ça a fondamentalement marqué ma quête d’images.

Sortie en mer avec le Minolta 7000 de papa
Portrait avec le Minolta, et la Défense comme terrain de jeu – 2010 déjà

Grâce à un afficionado de l’argentique, je me suis offert un Fuji HD-M, à emporter partout, à noyer avec bonheur, pour retrouver le goût de shooter sans prise de tête.

J’ai un amour immodéré pour l’argentique, la pellicule, les tirages. Pour la photo en tant qu’objet, matériel, support. Artisanat plutôt qu’art, aussi. Pour le bonheur de recevoir ses photos développées, de les redécouvrir, et de les avoir sous la main plutôt que stockées sur un disque dur. Pour la vérité crue du grain, et son côté tangible : c’est une image qui ne change pas, pas d’écran à calibrer, pas besoin de se demander ce que ça donne en retina. La photo argentique, elle me fait sourire.

Le Fuji HD-M en rando dans le Larzac (les photos argentiques en scan sont dans l’article !)

Et j’ai la chance d’avoir trouvé un super labo spécialisé dans les tirages à Montpellier, Arcanes Labo Photo, que je recommande pour la qualité des échanges avec des gens passionnés, leurs conseils en matière de pellicules, ou encore leur écoute de vos souhaits quant au développement.

Le Fuji HD-M est l’appareil des souvenirs, que je vais trimballer en vacances, plonger dans la piscine, avec lequel je suis sûre que les gens vont sourire sur la pellicule. C’est un petit concentré de bonheurs imprimés.

Et puis, le Leica Q2

J’ai un vrai défaut : si j’étais un personnage de manga, vous pouvez être certaine·e que ce serait d’un shōnen. Vous savez, le ou la protagoniste têtu·e, sans grand talent (voire franchement aucun), mais qui veut y arriver quand même, et passe son temps à vouloir toujours plus. Et bien c’est moi. Si je suis confiante en argentique, alors, c’est trop simple, trop facile ; il faut que je me mette en danger, que j’apprenne autre chose, que je souffre un peu aussi. Sinon ça n’a pas assez de valeur à mes propres yeux.

Peut-être que je suis un peu tordue, certes, mais j’avais l’impression d’être restée sur un échec après le X-T30. Et même un peu avant avec le Canon, à vrai dire. Mais cette fois, pas question de ne pas prendre en main le boîtier.

Le brief était clair : je voulais un appareil pratique, peu encombrant, avec une belle qualité d’image et de rendu couleur. Et surtout un feel mécanique, avec peu de personnalisation, juste du manuel.

Et puis en boutique, les Leica. Évidemment. Je connaissais déjà grâce au tonton fan de leurs optiques, et puis avec le travail de Thibaut Octave aussi. Je passe vite sur les essais : un Sony A7 R, un Leica M1, et un Leica SL. Le télémètre est trop frustrant dès le départ, surtout pour une taupe – j’y viendrai peut-être, mais probablement en argentique. Le Sony me fâche tout rouge instantanément, en changeant les ISO alors que j’ai simplement réglé l’AF, et je pleure dans le viseur. Les menus m’horripilent, et il y a trop de boutons. Le Leica SL est intéressant en soi, mais il ne répond pas franchement au brief : il est lourd, encombrant, avec des optiques très peu discrètes… Et côté budget il crève le plafond, entre le boîtier et les cailloux. J’ai mis de côté, mais vraiment pas autant.

En bas à droite, un Leica Q2 s’ennuie. Il a la pureté de l’interface de la maison, à peine quelques boutons, un viseur très correct. Il est lourd dans mes mains, et visiblement il s’y sent bien. Je n’ai pas besoin de déclencher pour savoir que je le veux. Malgré l’optique fixe, malgré mon envie d’avoir une focale un peu plus grande, tant pis. Le prix est élevé, mais il n’y a pas d’objectif à acheter ; finalement, comparé au Sony, c’est le même budget pour le Leica Q2.

Première sortie du Leica Q2 dans les Pyrénées le week-end dernier

On parle beaucoup d’instinct en photographie, quand on déclenche. Le choix d’un boîtier, pour moi, c’est la même chose : le confort instantané, le matériel solide avec lequel on se sent en confiance, dont on ne se préoccupe pas. Avec le Leica Q2, la seule chose qui compte, c’est ce qu’il se passe derrière l’objectif. Et c’est exactement ce que je cherchais, enfin. Le lien entre l’argentique et le numérique, l’équilibre.

Et maintenant, être à la hauteur

C’est maintenant l’étape la plus difficile. Parce que s’offrir un Leica, c’est très bien, mais il y a quand même cette légère pression de réussir à en être digne, un minimum.

Vous me direz qu’on s’en fiche, fondamentalement. Et honnêtement, je m’en fiche totalement pour les autres – si plus de monde shootait en Leica, on verrait de bien plus jolies photos, de vraies belles couleurs, et le monde plus proche de ce qu’il est. Si vous pouvez, achetez des Leica. Donnez votre argent à de belles boîtes, qui font de belles choses. Zéro gate-keeping, et vous pourrez envoyer paître les gens qui vous disent “Ah vous n’êtes pas photographe pro ?” quand vous leur filerez votre carte bleue (en pleurant un peu).

Mais j’ai envie de me challenger davantage, de me mettre un peu plus en danger. De ne pas me contenter d’avoir de bons cadrages, mais d’aller au-delà, de chercher ce qu’il me manque. Et de mettre beaucoup, beaucoup plus de moi dans ces clichés.

C’est présomptueux sûrement, et je ne suis pas encore certaine de savoir comment y arriver. Mais j’ai l’œil du Leica Q2 qui me jauge, et j’ai envie d’être à la hauteur et du plaisir et des possibilités que ce beau matériel m’offre. Je ne cherche pas à faire partie du top des photographes (quel top, d’ailleurs), mais passer un cap et me hisser sur le barreau du dessus, à ma propre échelle. Contre moi-même.

Pour l’instant, il est très peu sorti, seulement une rando, une ou deux photos en ville ; rien de transcendant. On fera le bilan dans quelques mois, déjà.

Pyrénées au Leica Q2
Première rando avec le Leica Q2, les Pyrénées – photos à suivre quand j’aurais le temps

Et vous ?

Racontez-moi, je suis curieuse :

  • Plutôt argentique ou numérique ?
  • Quel a été votre premier boîtier / appareil photo ?
  • Quel est votre appareil préféré à ce jour ?
  • Qu’est-ce que vous emportez en rando ou balade ? Un reflex, un hybride, un compact, votre smartphone ?

Dites-moi tout !


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