Quelques heures à Grenoble
Aux portes des Alpes, il y a Grenoble. Prononcez le nom de la ville, et observez les réactions des gens : il est rare qu’ils ou elles restent de marbre. On aime, on déteste surtout ! Mais tout le monde a quelque chose à dire sur Grenoble – même celles & ceux qui n’y ont jamais mis les pieds, apparemment.
Impossible de comprendre une ville en y passant simplement quelques heures, mais elle marque. Il existe des cités superbes, des hauts lieux du tourisme, des architectures qui soulèvent ou des ambiances qui écrasent ; ce n’est pas Grenoble. Il existe des Disneyland parfaitement préservés, accueillants et doux comme des boîtes de dragées, plein de petits restaurants à peine sortis d’une carte postale du début 19ème ; ce n’est pas Grenoble. Il existe des villes haussmanniennes, tracées au cordeau, avec de belles entrées d’immeubles et des frontons clairs d’où il n’est jamais nécessaire de sortir ; ce n’est pas Grenoble.
Il existe des villes bordéliques, qui font avec leur laideur et leurs blessures, se frayent un passage dans leur propre histoire, essayent de trouver un compromis entre la vie et le bordel, entre les tags et les façades colorées à l’italienne, le gris du ciel et le bleu des montagnes entre les hauts immeubles. C’est peut-être Grenoble ; peut-être.
Les emblématiques bulles de Grenoble
Sur un coup de tête, enthousiaste comme une enfant de 5 ans, je tire vers les emblématiques bulles du téléphérique grenoblois. Il permet de rejoindre en un instant le fort de la Bastille au-dessus de Grenoble, en passant au-dessus de l’Isère et du quartier St Laurent.
C’est évidemment au moment où les portes automatiques se ferment que je réalise qu’en fait, ça me fiche les miquettes et que ma claustrophobie ne s’arrange pas tellement.
D’où les dizaines de photos prises pendant la montée, parce qu’il est plus simple de contrôler une panique quand on s’occupe, surtout quand la vue de la ville vue du dessus est belle dans l’objectif.
Une ville & des montagnes
Une fois arrimée en haut, Grenoble à mes pieds dans la lumière du matin, ce qui n’était que des noms sur une carte prend toute sa mesure. Belledonne, Vercors, Taillefer et Chartreuse enserrent la ville au creux de leur paume, hérissant l’horizon de leurs innombrables griffes.
J’ai déjà admiré des vues de ville en France ; et des panoramas de montagne.
Ça n’a pas grand chose à voir.
C’est un peu comme si quelqu’un que vous n’aviez pas vraiment remarqué jusqu’ici, auquel vous ne vous étiez absolument pas intéressé, vous offrait un sourire éclatant, qui vous épingle et vous assomme en même temps.
Peut-être qu’il n’y a pas à réfléchir, juste laisser la lumière nous baigner comme elle le sent, et le courant emporter nos certitudes. Comme le premier pas sur un sentier, comme la première fois qu’on ressent l’envie de marcher, comme la première crête, comme la millième impression de vertige.